Selon cette enquête du Centre national du livre (CNL), confiée à Ipsos-MediaCT et présentée lundi au Salon du Livre de Paris, le public actuel du livre numérique est encore très réduit: 5% des Français, dont 0,25% qui utilisent un terminal dédié.Ces pionniers, essentiellement des hommes jeunes épris de nouvelles technologies, privilégient plutôt des contenus récents, professionnels ou pratiques. Mais le public potentiel, 30% des Français, se dit également prêt à lire des romans, relève le CNL, qui ne précise pas à quel horizon.
Pour Arnaud Nourry, PDG d'Hachette Livre, le livre numérique pourrait représenter 10 à 15 % du chiffre d'affaires de l'édition dans cinq à sept ans.
«Tout va dépendre des supports de lecture et tout peut aller très vite", estime pour sa part Sébastien Rouault, chef des ventes des éditions Robert Laffont, éditeur notamment de Marc Levy, tablant également sur 10% du CA "dans quatre à cinq ans».
«Nous numérisons nos nouveautés et le fonds de notre catalogue, qui seront commercialisés dans les semaines ou les mois à venir, après accord de nos auteurs», ajoute-t-il.
Les futurs adeptes du livre numérique seraient aussi des femmes, peu branchées technologie, et très grandes lectrices, selon l'étude.
Le confort de lecture reste le critère numéro un pour 45% des Français, devant le prix (31%), qu'ils attendent inférieur en moyenne de 40% à celui du papier.
Pour le CNL, la transformation des habitudes de lecture sera profonde et irréversible, mais le choc sera moins brutal que pour la musique ou le cinéma pour lesquels la révolution numérique a déjà bouleversé les pratiques".
«Le grand lecteur de livres est sensiblement moins jeune et moins technophile» que le consommateur de musique et de films sur support numérique, relève le centre.
Outre le confort des «liseuses», comme l'iPad, qui sera commercialisé en France fin avril, l'essor du livre numérique se joue aussi autour de l'accès à une offre substantielle, et du droit d'en conserver et d'en partager le contenu.
Pour 41% des lecteurs numériques potentiels, le faible nombre de titres disponibles en français reste un frein.
«Le grand public ne mesure pas le coût du livre numérique pour l'éditeur ni les investissements nécessaires. Nous proposerons une baisse d'environ 10% sur les nouveautés. Les éditeurs ne veulent pas que le livre soit bradé», souligne M. Rouault.
Pour 45% des personnes interrogées, livre papier et livre numérique coexisteront. Pour 48% des Français, le papier restera le principal support.
«L'offre va s'élargir, mais les deux supports cohabiteront, souligne à l'AFP Catherine Heude, directrice des ventes chez Actes sud. Ce sera une autre façon de lire. Et pouvoir par exemple s'offrir le dernier Paul Auster, un peu moins cher et avant sa parution papier, oui, cela peut séduire le grand public».
Agence France-Presse (Paris)
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